La reproduction des invertébrés dans le milieu marin.

La mer comme berceau pour des larves ciliées.


Rédigé le Mercredi 7 Octobre 2020 à 15:29 | Lu 1652 commentaire(s)

A part la reproduction des coraux du genre Orbicella qui se reproduisent chaque année à une période bien précise et que nous observons régulièrement depuis 2004. L’observation de ce phénomène chez les autres espèces est souvent le fruit du hasard.


Reproduction d'Eponge Agelas dispar

La ponte accrochée à l'éponge ressemble à une toile d'araignée.
Les éponges utilisent plusieurs procédés pour se reproduire : par bourgeonnement ou de façon sexuée. Certaines sont hermaphrodites et d’autres ont des sexes séparés. C'est le cas de l'éponge Agelas dispar.
Les éponges ou spongiaires sont considérés comme les plus simples des animaux pluricellulaires (métazoaires), leur corps est constitué de deux feuillets. Entre les deux une couche gélatineuse constituée par différentes catégories de cellules.
Les spongiaires sont dépourvus d’organes et d’appareils définis (appareils circulatoire, respiratoire, excréteur, génital) et possèdent un système nerveux rudimentaire, diffus.
 
 

Des éponges mâles et femelles.

Les éponges mâles libérent un nuage de spermatozoïdes.
Ce sont des animaux filtreurs actifs. L'ensemble de l'organisme est parcouru par un courant d'eau dans lequel l'oxygène et la nourriture sont prélevés et les produits des déchets rejetés.
Bien que certaines éponges soient hermaphrodites, d'autres sont des individus de sexes séparés et sont ovipares comme Agelas dispar.
Chez Agelas dispar, nous trouverons donc des éponges de sexes mâles et d'autres de sexes femelles.
Les éponges ne peuvent pas se déplacer. Afin de palier à cette difficulté elles ont développé un mode de reproduction original.

Naissance d'une larve ciliée.

Le récif beigne maintenant dans la brouillard.
A un signal donné, les éponges femelles vont émettent des ovocytes par leurs oscules. Ces ovocytes émis en grappe restent accrochés à l'éponge femelle par un mucus et forment un voile qui ondule au gré du courant.
Puis ça va être autour des éponges mâles de libérer les spermatozoïdes en pleine eau, formant un nuage très dense qui va être emporté par le courant.
Ainsi, la fécondation des ovocytes donnera naissance à une larve ciliée qui nagera quelques heures avant de se fixer et de se métamorphoser.
Cette observation de reproduction d'éponges Agelas dispar a été faite à Port Louis le lundi 12 juin 2006.
On peut observer de nombreuses Eponges Agelas dispar sur le site de l'Avion.

Reproduction des ophiures.

Alors que la ponte des coraux n'a pas encore commencé, les ophiures font leur apparitions.
Lors de la reproduction des coraux, nous avions remarqué la présence d’Ophiures (Ophioderma rubicundum) sur les colonies de coraux. Nous pensions qu’elles profitaient de l’aubaine pour se nourrir des œufs de coraux.
Mais il n’en ait rien.
Les ophiures sont capables de se déplacer rapidement en utilisant leurs longs bras mobiles. Un atout pour arriver à saisir les œufs des coraux !
C’est devenu une tradition, Eden Plongée organise tous les ans dans le Parc National de Guadeloupe des plongées de nuit dans le but d’observer la reproduction des coraux, mais pas seulement car d’autres observations sont possibles …

Dressée sur leurs bras elles libérerent leurs œufs. Minusculent petit point au-dessus de l'Ophiure.
Les coraux de la famille des Faviidés et plus particulièrement du genre Montastraea se reproduisent chaque année une nuit au mois d’août aux Antilles et en Guadeloupe.
Depuis 2003 nous faisons des plongées de nuit afin d’observer ce phénomène.
Dés le début de nos observations nous avions remarqué la présence d’Ophiures (Ophioderma rubicundum) sur les colonies de coraux.
Les Ophiures appartiennent à l’embranchement des Echinodermes, elles possèdent cinq bras très souples qui leur permettent un déplacement rapide. Ce sont des animaux carnivores.
Nous pensions qu’elles profitaient de l’aubaine pour se nourrir des œufs de coraux.
Mais pas seulement !
En y regardant de plus près nous avons vu qu’elles étaient également là pour se reproduire.
Elles apparaissent alors que les œufs du corail sont visibles dans la bouche des polypes. Signe précurseur que la reproduction de la colonie va avoir lieu dans les minutes qui suivent.
  L’Ophiure va libérer de minuscules petites boules rouges (œufs ou larves), qui vont se mêlées aux œufs des coraux.
Pour cela, elle grimpe au sommet du massif corallien puis se dressent sur ses bras puis libère ses œufs en parfaite synchronisation avec ceux du corail.
Animaux nocturnes, on peut toutefois observer les Ophiures de jour dans les grottes de Port-Louis.

La reproduction des coraux.

Les oeufs dans la bouche des polypes.
Par une nuit sans lune du mois d’août dans la Mer des Caraïbes et ce depuis la nuit des temps, un phénomène qui ne se produit qu’une fois l’an et ne dure que quelques minutes se prépare. Fébrilement, les plongeurs se glissent sous la mer.
Tous les ans, Eden Plongée propose à ses plongeurs une plongée de nuit dans le Parc National de Guadeloupe. Une plongée bien particulière, assister à la reproduction des coraux en Guadeloupe.
Dans quelques minutes ils assisteront à cet instant féerique qu’est la reproduction des coraux en Guadeloupe.
L'expression « Corail » est un nom commun qui s'applique en français à plusieurs taxons (sous espèces) distincts des Cnidaires.
Dans notre cas ce sont les Coraux durs, Scléractiniaires ou Madréporaires qui nous intéressent.
Ce sont des organismes aquatiques caractérisés par la présence de cellules urticantes, ils sont constitués d'un squelette calcaire qui abrite les polypes.
Les Scléractiniaires se reproduisent généralement une fois l’an pour l’ensemble des espèces d’une région.

 

Le Corail-cerveau commun (Diploria strigosa).

Le Corail-cerveau tient son nom en raison de sa ressemblance à un cerveau humain.
Le Corail Cerveau tient son nom du fait que la colonie forme des dômes hémisphériques dont les circonvolutions de la surface rappellent la forme d’un cerveau. Ils se rencontrent dans la plupart des milieux récifaux mais plus particulièrement au niveau des pentes peu profondes. Espèce commune.
Une par une des petites billes roses, des œufs, apparaissent dans les vallées sinueuses du corail-cerveau et s'échappent par la bouche des polypes. La fécondation aura lieu en pleine eau.

Le Corail-fleur Doux (Eusmilia fastigiata).

Un corail Fleur-doux Epineux sur le point de libérer ses gamètes.
La colonie hémisphérique du Corail-fleur doux forme un bouquet de polypes espacé entre-eux. On rencontre de préférence cette espèce, peu commune mais facilement identifiable, dans les zones protégées.
Les petits points blancs dans les tentacules du polype sont des ovocytes ou des larves, qui viennent s'entasser dans les extrémités des tentacules avant d'être expulsés en pleine eau.

Le Corail-étoilé Massif (Orbicella annularis).

A un signal bien précis tous les "oeufs" de la colonie de Montastraea annularis sont libérés en même temps.
Le Corail-étoilé Massif est une espèce endémique des Caraïbes qu’on rencontre dans la zone des 12 mètres. Elle forme de grandes colonies ayant l’apparence de monticules composés de nombreux lobes de petits polypes étoilés d’un diamètre de 3 mm.
Elle est très commune dans le Grand Cul de Sac Marin de Guadeloupe.
Les ovocytes se regroupent quelques minutes dans la bouche des polypes avant d'être libérés ensemble à un signal bien précis.

Le Grand Corail-étoilé (Montastraea cavernosa).

Les gamètes de Montastraea cavernosa sont de la taille d'une tête d'épingle
Les grandes colonies du Grand-Corail-étoilé en forme de dôme ou de pilier se rencontre entre 2 m et 100 m de profondeur. Les grands polypes circulaires en forme de cloque mesurent environ 1 cm, on peut les voir épanouis uniquement en plongée de nuit.
Malgré la grande taille des polypes, le phénomène est éphémère et à peine visible, les gamètes de la taille d'une tête d'épingle se dispersent très vite dans la colonne d'eau.

Le Corail-étoilé Massif (Orbicella faveolata).

Colonie encroutante en forme de dome de Montrastrea annularis ou Corail-massif étoilé.
Dans la zone des 15 mètres ils forment des colonies encroutantes en forme de dôme. La surface bosselée est recouverte de petits polypes étoilés d’un diamètre de 3 mm environ. On les rencontre dans tous les types de milieux récifaux. Espèce commune, dominante sur le haut des pentes récifales.
Leur nom commun Corail-étoilé Massif vient de leur ressemblance à une montagne étoilée.
Lors de nos plongées de nuit en Guadeloupe ce sont eux qui nous ont offert le plus beau spectacle.
Venez les découvrir de jour sur nos sites de plongée.

Une reproduction sexuée.

Les amas d'ovules apparaissent à la bouche des polypes de Orbicella annularis..
Les coraux Orbicella faveolata ont une reproduction sexuée. Les polypes sont hermaphrodites chaque individu d’une colonie émet un petit amas d’ovules, entouré de sperme, la fécondation se fera dans la colonne d’eau. Tout ceci nécessite une coordination parfaite pour que la fécondation de l’œuf réussisse.
Une demi-heure avant le frai, les plongeurs peuvent déjà observer la mise en place de petits amas d’ovules et de spermatozoïdes à l'ouverture des polypes.
Lorsque la colonie est prête, tous les amas sont libérés en même temps dans un synchronisme parfait. La libération des spermatozoïdes n’est pas visible à l’œil nu.

La larve Planula va rejoindre le plancton.

Dans un synchronisme parfait les amas sont libérés.
Le spectacle se montre d'autant plus remarquable pour les plongeurs parce qu’il survient au même moment pour toutes les colonies de coraux de la même espèce et sur tout le récif. Les ovules visibles à l'œil nu, sont innombrables.
Ces amas remontent vers la surface, où ils se dissocient et vont pouvoir rencontrer les cellules reproductrices d’autres colonies. Si la fécondation a lieu, elle va conduire à la formation de larves appelées planula
Cette larve planula va voyager quelques jours avec le plancton, assurant ainsi la dissémination de l’espèce, avant de tomber sur le fond pour se fixer sur un substrat dur.

Un merveilleux spectacle !

Les ovules fécondées vont se transformer en une larve appelée planula.
La larve va se métamorphoser pour donner naissance à un polype ayant l’apparence d’une petite anémone de mer.
Ce polype va élaborer une structure calcaire puis se diviser par bourgeonnement pour donner naissance à un nouveau polype et ainsi de suite jusqu’à créer une colonie. Tous les polypes de la colonie seront des clones du polype d’origine.
A la minute près l’horloge de la vie a sonné, la reproduction des coraux en Guadeloupe à bien eu lieu.
Lentement, les plongeurs ébahis par le merveilleux spectacle auquel ils viennent d’assister remontent vers la surface… La lune vient juste de se lever !

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