Accidents et dangers de la faune marine en Guadeloupe.

Suivez les conseils d'Eden Plongée, car c'est l'ignorance qui est cause d'accident.


Rédigé le Jeudi 19 Juin 2014 à 20:45 | Lu 34247 commentaire(s)

Le milieu marin peut receler des dangers dû à la faune sous-marine. En Guadeloupe quelques espèces sont potentiellement dangereuses.


Les dangers de la faune marine.

Le risques de blessure par la faune aquatique est réel. Le club Eden Plongée vous donne quelques conseils pour éviter tout accident pendant votre séjour plongée en Guadeloupe.
Voici une liste non exhaustive des dangers et risques d'accidents les plus courants que peut rencontrer un plongeur en Guadeloupe car les piqures, morsures, brûlures de la faune marine sont souvent la cause d’imprudence ou d’ignorance. Vous trouverez également quelques solutions de traitement.
 
Source. ENVENIMATIONS MARINES par Jean-Yves BERNEY, docteur en médecine interne et pneumologie FMH
Murène Noire (Gymnothorax moringa).

Les Cnidaires. Généralités

Les Cnidaires représentés par les méduses, les anémones et les coraux possèdent un appareil venimeux.
Cet appareil est constitué par le cnidocyste ou nématocyste, une capsule (1) (de l’ordre du 1/10 de millimètre) dotée d’une cellule sensorielle (2). A l’intérieur de la capsule un tube enroulé en hélice (4) qui au moindre contact va jaillir comme un ressort en injectant le venin (3). Le nombre de cnidocyste par tentacule est de l’ordre de 100 000 pour une méduse.

Les symptômes.
Ils sont caractérisés par une douleur violente et irradiante au point de contact avec inflammation, démangeaisons et urticaire. Pour les méduses les signes généraux comprennent : nausées, vomissements, crampes abdominales, diarrhées, fièvre, insuffisances cardio-circulatoire et respiratoire, possible réaction allergique généralisée et décès.
Un cnidosyste avec son filament enroulé et déroulé. Source VieOceane.

Les Cnidaires. Le Corail de Feu.

Le squelette calcaire du Corail de Feu (Millepora alcicornis) parait relativement lisse. Une observation plus minutieuse, révèle de minuscules petits poils qui sont en réalité des milliers de polypes de la colonie. Ce sont eux qui possèdent de puissants appareils venimeux appelés cnidocystes.

Très urticants, leur contact entraîne des brûlures et une réaction urticante compliquée parfois localement de lésions nécrotiques.
Les "poils" sont en réalité les polypes du Corail de Feu (Millepora alcicornis). Les cellules urticantes (cnidocystes) sont réparties tout le long du polype.

Les Cnidaires. Les méduses.

Sous cette appellation on regroupe plusieurs classes, les siphonophores, les cuboméduses et les méduses vraies.

Si certaines sont peu urticantes d’autres peuvent causer des brûlures sévères, des crampes musculaires, des difficultés respiratoires et des états de choc comme la Méduse Guêpe Alata (Carybdea alata).
Insuffisances cardio-circulatoire et respiratoire, possible réaction allergique généralisée et décès dans le cas de la Méduse Physalis (Physalia physalis).
Méduse Guêpe Alata (Carybdea alata).

Les Cnidaires. Les Hydraires.

Ont les rencontres un peu partout dans le récif, ce sont des colonies ramifiées en forme de plume, de buisson. Vous les avez sans doute rencontrés sur de vieux mouillage qui sont souvent colonisés par l’Hydraire Arbre de Noël (Halocordyle disticha).
Les hydraires sont légèrement urticants, voir urticants pour les peaux sensibles. Attention toutefois à l’Hydraire-buisson Ardent (Macrorhynchia robusta) qui cause des brûlures intenses.
l’Hydraire Arbre de Noël (Halocordyle disticha). On le rencontre sur de vieux cordages.

Les Cnidaires. Les Anémones de Mer.

La plupart des anémones de Guadeloupe ne sont pas ou peu urticantes.
Il y en a une pourtant qui est souhaitable d’éviter : L’Anémone-soleil (Stichodactyla helianthus).
C’est une espèce commune qui couvre parfois des surfaces importante du substrat formant un véritable tapis. Elle possède des centaines de tentacules courts, épais aux extrémités arrondies.
Au contact, les tentacules de l’Anémone-soleil adhèrent fortement à la peau sur laquelle ils restent accrochés. Les cnidocystes ont alors tout le temps de se décharger causant une cuisante brûlure.

Le traitement en cas de contact avec les Cnidaires.
Il faut rincer immédiatement les blessures à l’eau de mer pour éliminer les cnidocystes non déchargés. Ne pas utiliser d’eau douce.
L’acide acétique à 5 % (vinaigre) est un excellent inhibiteur des cnidocystes. Vous pouvez également utiliser bien que moins efficace d’autre remèdes : l’alcool 40-70%, le bicarbonate, la papaïne (une enzyme présente dans le latex de la papaye),  l’huile d’olive, l’urine, le sucre.
Éliminer précautionneusement les débris résiduels, à l’aide de mousse à raser, de scotch, d’un emplâtre de sable. Il est primordial de ne pas frotter pour éviter de décharger les cnidocystes.
Un bain d’eau chaude à 40 °C durant 30-90 min pourra inactiver le venin et développer un effet anesthésique.
Au besoin pour les cas les plus graves appeler les secours pour un traitement spécialisé.
Par endroit les Anémones Soleil forment de véritable tapis.

Les poissons.

On distingue parmi les poissons marins dangereux les poissons cartilagineux porteurs de dards ou d’aiguillons (essentiellement les raies) et les poissons osseux qui regroupent l'ensemble des poissons porteurs d'épines comme les diodons, les Poissons-soldat.
Ils sont dotés d’épines qui peuvent causer des lésions cutanées spécifiques dont les risques principaux sont la surinfection et plus rarement la pénétration de mucus irritant.
La plupart des poissons peuvent infliger des piqûres lors de manipulation.

Traitement.
Désinfecter la plaie.
Diodon-araignée. (Chilomycterus antillarum).

Les poissons. Les Raies.

Les raies armées sont des poissons cartilagineux qui possèdent un appendice caudal pourvu d’1 ou 2 aiguillons d’environ 10 cm dotés de 2 rangées d’épines en forme d'harpon reliées à des glandes à venin.
Les Raies, Aigle (Aetobatus narinari) et Pastenague (Dasyatis americana) ne sont pas agressives mais en cas de menace elles peuvent projeter leur queue pour harponner la victime.
 
Les symptômes.
La douleur est intense avec un risque de syncope. Il va se créé un œdème ou une hémorragie.
Assister le plongeur, il risque de faire un malaise : hypotension artérielle, troubles du rythme cardiaque, troubles de la conscience.
La plaie risque de se nécroser avec une surinfection.

Le traitement en cas de blessure.
Le venin des raies étant thermolabile, la région piquée doit être mise immédiatement dans de l'eau chaude à 45°C minimum pendant au moins 30 mn. Il ne faut pas mettre de garrot, ne pas aspirer, ne pas tenter d'enlever le dard.
Appeler les secours pour un traitement spécialisé.

 
Pastenague (Dasyatis americana).

Les poissons Scorpions.

Ils possèdent des épines venimeuses, dorsales et anales qui sont des tubes creux reliés à des glandes à venins, que l’animal pointe de manière défensive vers l’individu menaçant.
Ils possèdent un venin puissant qui nécessite une assistance du plongeur et des soins immédiats.

Les symptômes.
La douleur est intense avec un maximum à 60 minutes jusqu’à 48 h.
On note un œdème, des hémorragies sous-cutanées et une coloration bleutée.
L’atteinte du système cardiovasculaire se traduit pas des arythmies cardiaques, une chute de tension pouvant aller jusqu’au choc.
 
Traitement. 
Le venin étant thermolabile, la région piquée doit être mise immédiatement dans de l'eau chaude à 45°C minimum pendant au moins 30 mn.
L’application d’un bulbe d’oignon aurait des propriétés antalgiques et antiseptiques.
Appeler les secours pour un traitement spécialisé.
 
Les poissons scorpions passent souvent inaperçu du plongeur.

Les poissons Scorpions. 24 Heures.

Poisson Vingt-quatre heures (Scorpaena plumieri).
Le Poisson Vingt-quatre heures (Scorpaena plumieri) est endémique de la Guadeloupe, il vit posé sur  le fond parfaitement dissimulé dans son environnement disposant d’un excellent camouflage. Il est très difficile à voir. Il possède sur sa nageoire dorsale de courtes épines érectiles qui sont des tubes creux reliés à des glandes à venin qui se trouve à la base.
 
Poisson Vingt-quatre heures (Scorpaena plumieri).

Les poissons Scorpions. Poisson Lion.

Poisson Lion (Pterois volitan).
Le Poisson Lion (Pterois volitan) est une espèce invasive. Ce sont des poissons magnifiques, très colorés solitaires ou en groupe de 2-3 individus, ils nagent volontiers au-dessus du récif pour chasser. Le reste du temps ils sont cachés dans les trous, surplomb et parfois éponges.
L’appareil venimeux comprend 13 épines dorsales, 3 épines anales et 2 épines pelviennes. Les épines, de section grossièrement triangulaire, sont parcourues par deux profonds sillons. Ces sillons abritent le tissu glandulaire sécréteur du venin.
Poisson Lion (Pterois volitan) chasse au dessus du récif.

Les poissons Scorpions. Les Murènes.

Ce sont des prédateurs nocturnes qui de jour vivent en générale retirées dans un trou ou un cachette du récif ou dans les épaves. Leur bouche est armée de dents en crochet et leurs morsures entraînent de profondes blessures qui permettent le passage du venin contenu dans la salive.
Non agressive, les murènes peuvent devenir dangereuses lorsqu’on les provoque ou qu’on les nourrit. Leur morsure est redoutable.

Parmi elles, la Murène Noire (Gymnothorax moringa) la plus commune des Caraïbes.
 
Murène Noire (Gymnothorax moringa).

Traitement.
Arrêter l’hémorragie en comprimant la plaie. La toxine contenu dans la salive est thermostable, il ne servira à rien de chauffer la plaie, le venin ne sera pas détruit.
La morsure n’entraîne pas de signes généraux d’envenimation, mais des complications immédiates (hémorragies) ou ultérieures (infection de la plaie).

La Murène Verte (Gymnothorax funebris) la plus grosse, elle peut atteindre jusqu’à 240 cm.
Murène Verte (Gymnothorax funebris).

Les Echinoidermes. Les Oursins.

Les oursins possède un squelette globuleux recouvert d’épines non venimeuses, mais fragiles qui pénètrent la peau et se cassent, laissant des fragments difficiles à extraire et à l’origine de suppuration.
Entre les piquants se trouvent des pédicelles, véritables pinces à mors mobiles tapissés de glandes à venin.

L’Oursin Noir des Antilles (Diadema antillarum) est armé de nombreuses épines longes, fines et aiguës.

Traitement.
La marche suivre est semblable à celle décrite pour les poissons, on chauffera la plaie pour détruire le venin.
Pour extraire les piquants différentes méthodes sont proposées : la pince à épiler ou la cire à épiler, parfois chirurgicalement. Pour dissoudre la composante calcaire des piquants on utilisera le citron vert ou le vinaigre blanc et en désespoir de cause l’urine.
Oursin Noir des Antilles (Diadema antillarum).

LES ANNELIDES. Les Vers de Feux.

Ils vivent cachés dans les rochers durant la journée mais on peut les surprendre de temps en temps rampant sur le sol.
Pour se défendre, les Vers de Feu (Hermodice carunculata) ont développé sur leur corps des soies aigües qu’ils hérissent lorsqu’ils sont dérangés.
Ces soies peuvent pénétrer facilement dans la peau et se casser, causant une irritation douloureuse et de l’urticaire qui dure longtemps.
 
Traitement.
Éliminer précautionneusement les soies résiduelles à l’aide de mousse à raser, de scotch, d’un emplâtre de sable. Utiliser une crème antihistaminique à base de corticoïde (Apaysil, Onctose) pour calmer la brûlure.
Ver de feu (Hermodice carunculata).

Les Spongiaires.

Certaines éponges tropicales sont venimeuses, le contact avec la peau provoque de sévères démangeaisons, des engourdissements, des brulures, des enflures et de l’urticaire qui peuvent durer plusieurs jours. Des douleurs, à type de brûlures, et un œdème local compliquent parfois les lésions initiales.
Parmi elles, l’Eponge Styx (Myrmekioderma styx), l’Eponge de Feu (Tedania ignis) et l’Eponge Pa-touche (Neofibularia nolitangere).
 
Traitement.
Utiliser une crème antihistaminique à base de corticoïde (Apaysil, Onctose) pour calmer la brûlure ou une solution aqueuse d’acide acétique à 5 % (vinaigre).



 

CONCLUSION.

Les accidents causés par les animaux marins sont rarement dues à des comportements agressifs de leur part.
Le comportement naturel d’un animal marin armé est avant tout de se défendre, non d’attaquer.
L’homme est agressé parce qu’il dérange ou parce qu’il ne connaît pas, faute d’être averti.
Alors soyez prudent !



 

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